Il ne s’agit pas nécessairement d’un échauffement au sens élévation de la température du corps, mobilisation articulaire, sollicitation des fonctions cardio-pulmonaires mais d’une entrée dans le monde du cirque, du jeu, du personnage qui constitue un moment déterminant dans la séance. C’est un temps précieux pour quitter ses défenses, l’occasion d’explorer et de solliciter l’imaginaire, tout en mobilisant le corps dans des espaces, des vitesses, et des relations aux autres ou aux objets multiples. C’est aussi le moment de dédramatiser la présentation devant le groupe, de rire et tester des effets scéniques, chorégraphiques, de découvrir et construire différents procédés de composition. La mise en piste s’appuie sur des situations puisées en danse, théâtre, mime mais aussi gymnastique, jeux enfantins et traditionnels… Elle gagne à se détacher le plus possible de l’échauffement traditionnel.

Les entrées dans l’activité
Selon la sensibilité de l’enseignant, chaque leçon (ou cycle) peut se construire à partir d’entrées issues de répertoires multiples :
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•Entrer par les objets et la recherche autour de leur manipulation (objets du cirque mais aussi journaux, sachets plastique, bâtons….).
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•Entrer par des inducteurs : verbes d’action, mots donnés par chacun et associés, piochés dans le dictionnaire, association de mots illustrant un geste, un lieu, un chiffre, un sentiment etc., textes (articles de presse relatant des faits divers, messages publicitaires, dictons, poésies) , illustrations (peintures, pubs, photos), bruits (structures rythmiques, onomatopées…), lettres et les chiffres (Py, 13… 4 points cardinaux, 5 doigts de la main ou 5 sens), gestes sportifs ou quotidiens etc.
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•Entrer par les relations aux autres : jeux en cercle, lignes avec toute la classe, groupes conçus sur des règles farfelues, duos…
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•Entrer par les jeux : chat perché, 1,2,3 soleil, se compter, le béret, les mariages chinois, le téléphone arabe…
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•Entrer par le thème : La porte, la rencontre, le mur, l’aller-retour, recto-verso, T où ?… (attention éviter les thèmes bateaux qui induisent des clichés)
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•Entrer par les accessoires et le matériel : Bancs, cordes, draps, chaises, plinth, échelle, poubelle, escabeau, etc.
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•Entrer par la musique : sans s’autocensurer par crainte des remarques des élèves qui quoi qu’il arrive adviendront. accordéon, classique, rap, variétés, madison etc. Se méfier de la grande parade du cirque : « Entrée des gladiateurs » caricaturale et contreproductive !
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•Entrer par les personnages, les jeux d’expression : situations issues du quotidien : les gens dans la rue, à la gare, les cultures du monde, les situations professionnelles, conflictuelles, les transports, les loisirs, les âges de la vie, les saisons etc.
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•Entrer par des questionnements philosophiques, culturels, historiques : issus des mythes, contes, fables mais aussi mangas, science fiction, films (ex : Matrix, Avatar, Inception).

Dès leur arrivée au gymnase, les élèves se précipitent spontanément sur les objets et autres engins d’équilibre et il faut parfois toute l’autorité de l’enseignant pour imposer la chronologie prévue à sa leçon dès lors qu’il a prévu d’installer de prime abord les ateliers ou le matériel avant l’échauffement.
Une mise en piste autour de jeux, d’échanges qui se focalise exclusivement sur un point et fait appel à un matériau seulement évite cet écueil
On peut aussi surprendre les élèves, montrer qu’un cycle de cirque finalement n’obéit à aucune règle et entrer directement par la manipulation des objets qui ravit les élèves et quelque fois culpabilise les enseignants. Elle présente l’avantage d’entrer sans perte de temps et sans risque dans l’activité et de s’appuyer sur les motivations des élèves pour mieux rebondir dans le corps de la séance vers d’autres objectifs.
L’engagement de l’enseignant dans la leçon dès la mise en piste est essentiel. Il s’implique avec les élèves, rit de ses échecs et joue avec eux. Même si ses compétences techniques sont modestes, il peut s’investir plus particulièrement dans ce temps de la leçon, dans le cadre des exercices d’expression et donner à voir lui aussi une autre image de lui-même, à la mesure de ce qu’il attend chez ses élèves.